BFMTV, le 11 décembre 2013
L’invité d’Hedwige Chevrillon
HC Hedwige Chevrillon
BP Benoît Potier
HC Vous avez annoncé, Benoît Potier, lors de
votre journée « investisseurs » - on sait que c’est un rendez-vous
très, très important, j’ai envie de dire, surtout pour Air Liquide qui a un
actionnariat très disparate, assez éclaté- vous avez annoncé
10 milliards d’euros
d’investissements sur la période,
alors certes 2016-2020. Mais ça veut dire que quelque part vous croyez dans
la « recovery » de la croissance en France, en Europe et dans le
monde.
BP Oui, ce qui est intéressant,
c’est que d’abord on a fait venir à la fois nos investisseurs institutionnels,
puisque nous avions notre journée « investisseurs » , vous
l’avez dit, qui s’est finie vers à peu près, quatre heures de l’après-midi et
les actionnaires individuels puisque nous célébrions nos cent ans de cotation
en bourse en 2013 et on a combiné la journée « investisseurs » et
cette célébration. Donc c’était très intéressant d’avoir les actionnaires dans
leur ensemble, le même jour, dans la même place. C’était au palais Brongniart
donc, donc c’était aussi symbolique.
Ces 10 milliards
d’investissements, c’est la deuxième phase. En fait, ce qu’on a cherché à dire,
c’est que on est d’abord au milieu d’une période de 5 ans 2010-2015 . On a
cherché à faire un point d’étape. Et nous l’avons fait. Cette période pour la
résumer est une période dans laquelle nous avons investi 12 milliards au total
c’est-à-dire un montant assez significatif, sachant qu’une partie de ces
investissements sont un peu en avance de phase pour la période 2016-2020. Donc nous avons fait nos comptes et
communiquer à nos actionnaires le fait que ces investissements allaient
produire dans la deuxième partie et que nous allions pouvoir mettre 10
milliards supplémentaires dans la période 2016-2020 pour pouvoir assurer la
croissance.
Alors je réponds effectivement à
votre question, oui, il faut y croire. Dans chaque réunion
« investisseurs », on a fait le point sur les marchés en se disant
quelle est la dynamique de ces grands contrats que nous signons dans le monde
entier, que peut- on attendre des pays matures, que peut-on attendre des pays
développés dans les domaines de la santé, de l’électronique et d’autres. Nous nous sommes posés toutes ces questions
et nous sommes arrivés, en fait, à une estimation du marché et à partir de là
nous avons donné nos projections, qui je le rappelle, sont de faire mieux que
le marché à la fois dans la période 2010-2015 et la période 2016-2020.
HC On va rappeler que votre chiffre d’affaires
2012 était de 15 milliards, 2013 ce sera à peu près…
BP Euh ce n’est pas encore…
On avait sur les six premiers
mois de l’année, un à deux pour cent de croissance. Alors il y a un effet de
change important qu’il faut rappeler et qui malheureusement pour toutes les entreprises
situées dans la zone euro sera relativement important mais je rappelle que pour
Air Liquide, il est de deuxième ordre puisque nous n’exportons pas de produit,
nous ne matérialisons pas de gains ou de pertes de change.
HC Quels sont les marchés les plus porteurs. On
sait que les Etats-Unis étaient très importants pour vous. Est-ce qu’ils le
restent ? Si on essaye de faire un tour du monde avec vos yeux, Benoit
Potier, où sont les marchés de croissance ?
BP C’est assez intéressant parce que je pense
que le principal message qu’on a essayé de faire passer à nos investisseurs est
qu’il nous semble qu’il ne faut plus nécessairement regarder le monde et la
croissance future sous un angle seulement géographique. On a eu l’habitude
jusque maintenant de regarder les pays avancés et les pays émergents. La règle
du jeu stratégique était d’aller chercher cette croissance en Chine, en Inde,
au Moyen-Orient ou en Amérique du sud. En fait, ce que l’on constate
aujourd’hui, c’est que le différentiel de croissance entre les pays matures et
les pays émergents, est passé de 10% à seulement 5% et ce différentiel va
continuer à décroître avec le temps. Donc il faut aujourd’hui imaginer une
stratégie qui ne sera plus seulement géographique mais qui consistera à aller
chercher les marchés en croissance où ils sont dans le monde entier y compris
dans nos zones matures. Et donc, c’est quand même une inflexion assez
importante de la stratégie puisqu’il faut maintenant se préoccuper de générer
les nouveaux marchés que ce soit aussi bien en France qu’en Europe, aux USA, au
Japon, en Chine qu’au Moyen-Orient, en Amérique du sud.
HC Est-ce qu’on peut dire que c’est une
spécificité d’Air Liquide, c’est-à-dire que vous produisez « local »
don il faut de la croissance sur place comparé à d’autres industries.
BP Oui, c’est effectivement une des
caractéristiques. On a besoin de la générer c’est-à-dire que si nous ne faisons
rien, au premier janvier de chaque année, chacun de nos clients consommera à
peu près ce qu’il a consommé l’année d’avant plus un petit quelque chose et
donc nous n’aurons qu’un très faible taux de croissance qui sera, pour faire
simple, à peu près équivalent à la croissance de la production industrielle
mais c’est tout. Donc pour pouvoir générer cette croissance de 5, 6, 7% il faut
investir, il faut aller chercher des projets, c’est pour ça que nous avons
prévu d’investir 10 milliards d’euros pour la période 2016-2020.
HC Alors 10 milliards d’investissements dans
quoi ? Pour l’instant tout ce qui est santé fait plus ou moins 40% de
votre chiffre d’affaires ?
BP Non, c’est moins. C’est un petit 20%
HC Et donc votre objectif avec ces 10
milliards, c’est de vous développer non pas par zone géographique mais donc par
secteur.
BP Je n’élimine pas les zones géographiques. Je
dis simplement qu’il y a une deuxième vue qu’il faut avoir sur le monde au-delà de la vision
géographique qui est cette vue des nouveaux marchés et ces nouveaux marchés
vont venir de quelle zone, de quel pays, de quel secteur. C’est donc une somme
de deux composants de croissance. Je reviens à l’aspect géographique. Il est
incontestable que la Chine continue d’être toujours un moteur de croissance
d’environ 10% mais nous avons connu des taux de croissance de 30% en Chine.
Donc aujourd’hui, nous sommes évidemment beaucoup plus gros, un milliard
d’euros de chiffre d’affaires mais le taux de croissance qu’on attend est plus
proche de 10% que de 30%. L’Afrique
et le Moyen-Orient sont un secteur relativement intéressant pour le futur
relativement lointain, l’Inde moins puisque l’Inde s’industrialise moins
rapidement que la Chine. Reste les pays d’Europe de l’est qui sont en forte
croissance encore aujourd’hui et ceux d’Amérique du sud. Vous m’avez posé la
question sur l’Amérique du nord, là c’est une question énergétique peut-être
qu’on sera amené à la voir tout à l’heure.
HC Oui, même pour vous, l’Amérique du nord est
un très gros marché. Ca représente combien ?
BP 23% aujourd’hui
HC Pour vous, c’est déjà trop ?
BP Absolument pas, je crois que le renouveau
qui est dû à l’énergie, à cette question du gaz de schiste aux USA, est
bienvenu. En fait, nous constatons d’ors et déjà à court terme que l’Amérique
du Nord a un taux de croissance bien supérieur à celui des autres pays avancés.
Et nous y avons investi et nous continuerons d’investir dans le futur pour
bénéficier justement de ces opportunités gaz de schiste mais également de technologies
–parce que les USA restent
quand même un pays au monde où il est possible d’investir dans la technologie.
HC Bon, on ne va pas refaire tout le débat mais
il est intéressant malgré tout parce que pour vous le gaz de schiste a été une
opportunité formidable, on peut dire cela comme ça.
BP Oui enfin pas directement puisque nous ne
sommes pas bien évidemment producteurs de gaz de schiste mais nos clients, en
fait, ont investi sur la zone Amérique du nord pour pouvoir construire de
grandes usines et utiliser le gaz de schiste bon marché pour fabriquer leurs
produits chimiques notamment.
HC Donc vous avez vu le miracle gaz de schiste
avec ces limites peut-être. Pour vous, l’Europe est-elle en train de se priver
de quelque chose avec les gaz de schiste ?
BP Il y a peut-être deux observations à faire
qui sont tout à fait non polémiques. La première est que nous ne savons pas si
la qualité des sols en Europe est telle qu’on peut en extraire du gaz de
schiste. Ca, nous ne le savons pas. Il faudrait faire pour cela de
l’exploration, ce qui n’est pas facile sur l’ensemble de l’Europe.
La
deuxième chose est que même si on pouvait le récupérer, nous ne savons pas si
ces réserves sont, en fait, exploitables dans les mêmes proportions que celles
des Etats-Unis et nous ne connaissons pas avec précision l’impact sur
l’environnement. Air Liquide en tant que société, fournit les gaz à l’industrie d’exploitation
aux USA pour en fait essentiellement réduire la consommation d’eau qui est liée
à la technologie et ça c’est évidemment excellent pour l’environnement
puisqu’une partie des problèmes liés au gaz de schiste sont liés à la
consommation d’eau.
HC Mais ça veut dire que vous pensez qu’on
pourrait trouver de meilleurs solutions ? Notamment, vos gaz pourraient
être améliorés – on parlera de l’innovation dans un instant - pour qu’il n’y
ait pas ces problèmes de fractures hydrauliques aussi puissantes et effrayantes
quelque part.
BP Dans une certaine mesure, oui, pour
économiser de l’eau et pour aller chercher effectivement le gaz là où on peut
le dissoudre au lieu de craquer la roche. Il y a des technologies qui ne sont
pas applicables dans tous les types de terrains.
HC Et vous pensez qu’on trouvera un jour une
technologie qui fera moins peur.
BP Il y a des experts qui sont mieux placés que
moi pour répondre à cette question mais moi je pense qu’on peut améliorer les
technologies.
HC Il y a un volet très important effectivement
c’est la facture de l’innovation, un des moteurs de l’Air Liquide. Vous
consacrez combien de votre chiffre d’affaires à l’innovation ?
BP On est à 2% un peu moins de 2%.
HC C’est peu
BP Oui, ce n’est pas beaucoup quand on le
compare aux objectifs européens. Ceci étant, nous investissons énormément. Nous
sommes en fait qu’on appelle « capital intensive » en anglais.
Nous avons besoin de beaucoup de capitaux pour pouvoir investir et produire de
la croissance. Et en fait, lorsqu’on additionne les capitaux qui génèrent la
croissance avec les capitaux qui génèrent la croissance à long terme,
c’est-à-dire la recherche, on arrive à 17% du chiffre d’affaire. Pour générer
notre croissance, nous sommes globalement une industrie qui investit
énormément.
HC On parle de santé parc qu’on sait que c’est
un pôle très important, même s’il ne représente pour l’instant que 23%, c’est
un pôle qui est en train d’émerger fortement. En tous cas, vous avez de grandes
ambitions dans le plan d’investissements la part consacrée à la santé est de
combien ?
BP En fait, elle est à peu près proportionnelle
au chiffre d’affaires, mais elle n’est pas représentative. Parce que la santé
est un métier où l’on investit moins en usine essentiellement donc le capital
investi est moindre. En proportion, on investit plus. Donc c’est un des deux
secteurs avec la grande industrie qui va être un des deux moteurs de croissance
du groupe non seulement dans les deux prochaines années mais je dirais dans les
sept prochaines années.
HC Alors vous investissez dans le véhicule
électrique notamment en Allemagne. Vous avez des ambitions en l’occurrence
d’équiper des stations d’hydrogène.
BP Air Liquide est impliqué depuis longtemps,
comme vous le savez, dans la recherche sur l’utilisation de l’hydrogène comme
vecteur d’énergie. Un des éléments clé ou une des applications, c’est bien
évidemment la voiture à moteur à hydrogène, à pile à combustible. C’est une
pile qui utilise l’hydrogène pour
fabriquer de l’électricité. Une technologie connue depuis très longtemps et sur
laquelle un certain nombre de constructeurs automobile européens, américains et
asiatiques travaillent depuis au moins vingt ans.
Ce qu’il
y a de nouveau et c’est très intéressant, c’est qu’aujourd’hui les technologies
de construction de la pile et de systèmes dans le véhicule sont au point , au
point que les constructeurs sont prêts à le commercialiser ces véhicules dès
l’année 2015.
HC Mais par rapport aux véhicules électriques
que l’on connait, que développe Renault notamment. Je ne comprends pas très
bien entre l’hydrogène et électrique…
BP Je vais vous expliquer. La voiture est
électrique dans les deux cas mais les autolites par exemple sont des véhicules
qui fonctionnent avec une batterie donc l’énergie est stockée dans la batterie.
C’est pour cela qu'il faut la recharger. Dans le véhicule à hydrogène, il n’y a
plus de batterie mais il y a à la place une pile à combustible et un réservoir
d’hydrogène et c’est ça qui remplace en fait la batterie.
HC Et cette technologie, vous le développez
visiblement en Allemagne. Vous ne le développez pas en France qui ne fait pas
partie des pays que vous avez listé, pourquoi ?
BP Parce qu’Air Liquide est en fait associé aux
constructeurs automobiles. Ce n’est pas nous qui construisons les voitures. Et
ce sont les constructeurs allemands et
les constructeurs japonais qui sont les plus en pointe dans ces domaines- là.
Donc la contribution d’Air Liquide, c’est de produire l’hydrogène et de
l’amener dans les stations-services de façon à ce que le consommateur puisse
remplir directement son réservoir avec son carburant, avec de l’hydrogène.
HC Mais il n’y a pas de risque d’explosion ?
C’est peut être une question de béotien mais, à mon avis, je ne suis pas la
seule à me la poser.
BP Non, ça a été la première question qui a été
posée par les constructeurs. Et en fait les technologies qui ont été posée par
les constructeurs. Et en fait, les technologies qui ont été développées à ce
jour sont des technologies tout nouvelles qui viennent de l’aéronautique et qui
sont en fait des technologies qui éliminent le risque d’explosion du réservoir
puisque le réservoir est conçu avec une fibre de carbone embobinée et donc il ne peut plus exploser.
HC C’est un grand chantier de développement,
d’investissements ou on est au stade expérimental, Benoit Potier ?
BP Il y a cinq ans, je vous aurais répondu que
l’on était au stade expérimental et que dans nos labos, on était passionné et
qu’on imaginait un futur.
Aujourd’hui,
nous avons acheté nos deux premiers véhicules en France, immatriculés en France
nos deux premiers véhicules qui viennent
d’Asie, de Corée. En France, nous avons été les premiers à le faire. Nous avons
évidemment les technologies des stations-services. Et nous sommes aussi
partenaires à la fois d’une coalition en Allemagne pour investir cent puis
trois cents stations-services sur le territoire allemand et partenaire avec Toyota
au Japon avec lequel nous venons de
créer une joint-venture pour construire des stations-services pour des
véhicules à hydrogène. L’innovation
de demain est pratiquement à disposition aujourd’hui.
HC Pour Air Liquide qu’elles sont les innovations
que l’on peut faire dans la santé car là on est tous en train d’imaginer plein
de choses. Est-ce que vous pouvez nous dire qu’elles sont les principales
innovations ?
BP Alors un petit rappel : Air Liquide est
à l’hôpital. De ce côté-là, on le sait bien essentiellement l’oxygène et
d’autres services. Air Liquide est aussi
à la maison. Nous avons développé la santé à domicile. Et c’est là, que les
innovations seront les plus nombreuses. Pourquoi ? Parce
qu’aujourd’hui, le système de santé a besoin
d’être organisé différemment à la fois pour un meilleur traitement et pour
baisser les coûts. Or un patient bien traité de façon préventive à domicile est
un patient en meilleure santé et un patient qui coûte moins cher à l’ensemble
du système. Donc, nous avons développé non seulement le service, cela a été les
dix dernières années. Nous sommes en train de développer les technologies. A titre d’illustration, ce sont des
technologies qui permettent de connecter le patient à son médecin, à
l’entreprise qui fournit le service, c’est-à-dire Air Liquide et à l’assureur,
la caisse de sécurité sociale pour vérifier et inciter le patient à suivre son
traitement. Et le seul fait de suivre son traitement et de pouvoir parler avec
son médecin, en fait, améliore considérablement l’état de santé et le coût
global pour la société.
HC On sent qu’il y a beaucoup d’innovations, je
recevais hier Bernard Charlès, le patron de Dassault Systèmes, là aussi il y a
beaucoup d’innovations, la maison connectée…
HC Je ne sais pas si vous avez vu la
déclaration de Mario Draghi qui dit que la banque centrale européenne doit
s’assurer que les liquidités irriguent bien les entreprises. Est-ce que vous
diriez qu’il y a un problème de financement pour les entreprises.
BP Pas pour les grandes entreprises. Nous
avons-nous, en fait, assisté en dix ans à un changement assez profond du
financement par les banques vers les marchés. Aujourd’hui la grande majorité du
financement des grandes entreprises se fait par les marchés. Nous avons les
liquidités par les marchés et nous sommes en tant que grandes entreprises, je
dirais très bien servies par l’ensemble des marchés. Par contre nous avons des clients qui sont des
petites entreprises et nous constatons notamment dans le sud de l’Europe mais
pas d’une façon limitée au sud de l’Europe qu’un certain nombre de petites
entreprises ont beaucoup de difficultés effectivement à trouver un financement.
HC Donc, il a raison de faire cette digression.
On parle du prix de l’électricité, en l’occurrence, parce que vous disiez à l’instant que vous
étiez une entreprise, une entreprise, un secteur dans tous les cas, qui
consomment beaucoup de capitaux mais aussi beaucoup d’énergie. Vous faites partie
des entreprises qui appartiennent à un consortium de grandes entreprises, un
consortium qui a négocié, il y a quoi, cinq six ans avec EDF, un contrat à long
terme mais ce contrat à long terme fait qu’aujourd’hui vous avez des prix
extrêmement élevés, je crois, à 47€ alors que normalement le prix pourrait être
à 42€.Il y a une négociation qui est en cours, c’est un peu compliqué mais
aujourd’hui on parle des tarifs d’EDF notamment vis-à-vis des particuliers.
Est-ce que pour vous, ça devient quelque chose à renégocier d’urgence ?
BP Oui, alors il y a à la fois le problème
d’Exeltium, c’est le nom de cette entreprise qui est un consortium entre un
certain nombre d’industriels grands consommateurs d’énergie en France et une
autre question qui est plus large, qui est la compétitivité des entreprises en
France et en Europe liée au prix de l’énergie.
Je pense
effectivement qu’il y a urgence à renégocier le contrat Exeltium qui donne
effectivement 10% de plus de coûts d’électricité paradoxalement pour les grands
consommateurs alors que l’idée au départ était de rendre ce contrat plus
compétitif par rapport à la moyenne
HC …avec une possibilité de sortie anticipée
BP mais qui pose aujourd’ hui un problème de non
compétitivité pour les grands industriels qui font partie de ce consortium.
C’est vrai qu’il faut qu’on trouve une solution. On la cherche depuis quelques
années. Il faut aujourd’hui qu’on la trouve.
HC Ca veut dire qu’en 2014, il faut que vous la
trouviez. Vous ne pouvez pas avoir un surcoût de 10% ,j’imagine.
BP Les conséquences à court et long terme
seraient en fait dramatiques pour les entreprises qui seraient obligées en fait
de s'organiser différemment et de produire ailleurs.
HC C’est un facteur clé, on voit bien que dans
le cadre de la transition énergétique, dans les entreprises comme vous
BP C’est un sujet intéressant puisque c’est à
la fois un sujet de long terme et un sujet européen. Nous avons en tant
qu’industriels européens pris une position très claire qui est de dire si
l’Europe jusque maintenant s’est beaucoup plus préoccupé du changement
climatique et de la sécurité d’approvisionnement au détriment de la
compétitivité de l’énergie.
Et nous avons en fait demandé aux leaders
européens depuis quelques temps de remettre la question de la compétitivité de
l’énergie au même niveau que celle du changement climatique et de la sécurité
d’approvisionnement.
HC Merci beaucoup, Benoît Potier, 2013 sera une
année en demi-teinte ?
BP Oui, parce que, en fait rappelons-nous que
le premier trimestre a été assez difficile pour tout le monde. L’économie a
souffert depuis déjà mi-2011. On a vu une amélioration se dessiner au deuxième
et se maintenir au troisième trimestre, le quatrième n’est pas fini, attendons
les comptes. Mais ce qui est sûr c’est que nous n'avons pas retrouvé encore
suffisamment de confiance et c’est le mot un peu clé que je voulais mettre sur
la table. C’est cette confiance qui manque aujourd’hui, cette confiance à court
terme qui est de nature à faire rebondir. Nous avons essayé de la développer à
long terme en apportant nos objectifs hier.
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